Quatre portraits capturés par une machine et tirés en quelques minutes ! Voici l’expérience offerte par le Photomaton depuis son invention en 1924. Le succès fut immédiat, notamment avec la multiplication des documents d’identité sur lesquels doivent figurer un portrait aux normes précises (tête nue, fond uniforme, expression neutre, etc.). Rares sont les personnes à ne pas connaître l’expérience du Photomaton – nom de cette cabine photographique installée dans les zones de grand passage. Automatisé, en libre-service, disponible 7j/7, socialement neutre, et surtout moins onéreux qu’un portrait chez un professionnel, moins intimidant aussi, ce procédé photographique démocratise l’acte de se faire tirer le portrait, rapidement, partout et à peu de frais. Ancêtre du Polaroid, et du selfie, formé à partir des termes „photo“ et „automaton“, ce procédé sans opérateur, véritable photographe automate, offrant quatre tirages uniques, a souvent fasciné les artistes. En 1929, André Breton et ses amis surréalistes s’intéressaient déjà à cette boîte à images.
Photo Elysée a fait l’acquisition il y a quelques années d’un studio photo automatisé. Depuis lors, le musée invite le public à se photographier et laisser, s’il le souhaite, ses portraits pour ainsi construire une œuvre collective. L’artiste Christian Marclay, invité à plonger dans les collections de Photo Elysée en 2021, a exploré les milliers de visages enregistrés par le Photomaton du musée. Avec lui, les étudiants en photographie de l’ECAL/Ecole cantonale d’art de Lausanne ont exploré, scanné, métamorphosé les tirages conservés. L’idée du projet était de s’approprier les images analogues et de les ouvrir à des expérimentations pour y raconter de nouvelles histoires.